Améliorer son style : les tics

L'éthique du langage

Tout ce dont je me souviens de mes cours d'Histoire de 5e sont les tableaux où l'on cochait le nombre de fois où la prof disait « en effet » ou « effectivement ». ^^'
Mais nous avons tous des tics de langage, plus ou moins intrusifs, en début de phrase par exemple, avec « En fait », « Du coup », etc, ou en guise de ponctuation finale : « quoi », « con » (du côté de Toulouse !), « tu sais… »

Cependant, ce petit défaut, très agaçant quand on le remarque, existe aussi à l'écrit. Si certains lecteurs risquent de ne rien remarquer, cela peut irriter les plus littéraires d’entre eux et devenir rédhibitoire !
En principe, ces récurrences sont plutôt différentes de celles qu'on pratique à l'oral (enfin, méfiez-vous quand même dans vos dialogues !).

Un tic de langage, ça peut être :

Un mot => exemple : bien
Tu as bien fermé à clé ? / ou : Tu es sûr d'avoir fermé à clé ?
Il est bien content. / ou : Il est très content.
Il est bien rentré. / ou : Il est rentré sain et sauf.
Tu peux trouver bien mieux. / ou : Tu peux trouver beaucoup mieux.

Un groupe nominal ou verbal => exemple : comme ça
Tu peux pas dire ça comme ça !
Il est arrivé comme ça, la bouche en cœur.
Alors, comme ça, tu étudies la philosophie ?

Ou encore une catégorie de mots.
Personnellement, je suis accro aux adverbes, souvent utilisés à profusion pour pas grand chose (il suffit de regarder cette phrase*, haha).

Comment s'en débarrasser ?

Votre première mission est évidemment (erf !) de les identifier.
Inutile de relire l'intégralité de votre manuscrit dix fois. Laissez-le reposer quelques temps et reprenez juste (ah !) un chapitre. Vous trouverez forcément (oh !) des coupables avec une volée d'une dizaine de pages.
Normalement (zut...), ils ne sont pas difficiles à repérer car ils sont facilement (>.<) remplaçables ou carrément (gnurf…) inutiles à l'intégrité de la phrase.
Un exemple ? « Oh ! Oui ! Un exemple ! Super ! Ouais ! »
Relisez ce paragraphe en supprimant tous les adverbes. Quelques nuances de sens disparaissent mais le texte est-il incompréhensible pour autant ? « Ah, non, vous avez raison ! » Je sais, merci 😉

Mon conseil :
Inutile de vous acharner au moment de l'écriture, surtout si vous venez de les détecter ou si vous utilisez le flow pour écrire. Cela ne fera que brider votre inspiration.
Gardez cet exercice pour l'une de vos relectures. Vous aurez plus de recul et la tête plus disponible.

Attention, le but n'est pas d'éradiquer l'intégralité de leurs occurrences, ces mots existent car ils sont utiles, mais de limiter la fréquence de leurs apparitions pour les utiliser avec parcimonie.

*Ou, les habitués l'auront peut-être remarqué, les autres articles du site… car, après une journée de boulot, j'ai la flemme :p

Améliorer son style : les lourdeurs dans une phrase

Lorsqu'on est concentré sur sa rédaction, on a tendance à ne pas faire attention aux petits détails stylistiques. Pourtant, même si ces tournures de phrases passent à l'oral, elles ont tendance à plomber le texte. Au-delà de leur inélégance, elles peuvent aussi être voraces en longueur, et c'est problématique quand on est limité en nombre de signes, par exemple dans le journalisme ou la bande-dessinée.
Voici donc quelques petites astuces pour gagner de la place et alléger votre rendu final !

Les répétitions (cela va sans dire 😉 )
En cas de galère, utiliser le CRISCO sur internet ou autre dictionnaire de synonymes.

Les pléonasmes
Tout le monde connaît « monter en haut » et « descendre en bas », mais certains pléonasmes sont très courants dans le langage et parfois un peu vicieux :
Au jour d'aujourd'hui => Actuellement
s'avérer vrai => s'avérer (ou pire, s'avérer faux, qui est un contresens !)
une brève averse / une averse soudaine => une averse

Les relatives en général (et leur profusion en particulier, surtout avec un comparatif)
Le livre qu'il a trouvé dans l'étagère qui était au fond de la libraire est plus intéressant que le mien.
Il a trouvé un livre plus intéressant que le mien dans l'étagère au fond de la libraire.
Ça ne peut être que parce que nous avons quelque chose qu’ils détestent.
Nous avons une chose qu’ils détestent. Ce doit en être la raison.

Il y a / Parce que (vous avez dû voir ça à l'école !)
Il y a longtemps que je n'étais pas venu ici.
Je n'étais pas venu ici depuis longtemps.
Il y a un oiseau sur la branche.
Un oiseau se tient sur la branche.
Il y a un chien qui garde la maison.
Un chien garde la maison.
Si tu es puni, c'est parce que tu n'as pas écouté ce qu'on t'a dit.
Comme tu n'as pas écouté ce qu'on t'a dit, tu es puni.
Comme tu n'as pas écouté les consignes / les conseils / les avertissements, tu es puni.
J'ai pu partir en voyage parce que j'ai eu une prime.
Grâce à ma prime, j'ai pu partir en voyage.

Alors que
J'ai eu une mauvaise note alors que j'avais bien révisé.
J'ai eu une mauvaise note, pourtant j'avais bien révisé.
J'avais bien révisé mais j'ai eu une mauvaise note.

Le fait que / le fait de
Le fait que tu sois toujours en retard met tout le monde dans l'embarras.
Comme tu es toujours en retard, ça met tout le monde dans l'embarras.
Tout le monde est dans l'embarras à cause de tes retards systématiques.
Tu es toujours en retard et ça met tout le monde dans l'embarras.

En tant que
En tant que médecin, je connais mon travail.
Je suis médecin, je connais mon travail.

Est-ce que
Est-ce que tu as faim ?
Tu as faim ?
Est-ce que tu as pensé à fermer la porte à clé ?
As-tu pensé à fermer la porte à clé ?
Qu'est-ce que tu es en train de faire ?
Qu'es-tu en train de faire ?
Que fais-tu ?

Le futur avec le verbe aller
Il va aller au Japon l'an prochain.
Il ira au Japon l'an prochain.

Voire
Il a mis une heure, voire deux, pour venir.
Il a mis une ou deux heures pour venir.
Il a mis presque deux heures à venir.

L'accroche

Le casse-tête des titres (aïe) !

J'avais aussi : La catchphrase, ou l'art de saisir l'attention du lecteur sans lui faire de german-souplex…

Suite à une conversation avec mes collègues auteurs et autrices de jeux de rôle, j'ai décidé de vous proposer ce petit tuto d'écriture sur ma méthode de travail pour la titraille, en espérant qu'il vous sera utile.

Écrire une accroche (ou un sous-titre, ou un « slogan ») est un exercice difficile qui demande de l'entraînement. Pour être réussi, il nécessite souvent un minimum d'une pleine page de gribouillis et une bonne heure de travail (hors coups de génie, ça arrive !), même quand on a l'habitude. Alors, à vos stylos !

Première étape : le brainstorming

Commencez par noter tous les points forts et éléments emblématiques qui caractérisent ce pour quoi vous devez écrire votre accroche : univers, style, ambiance, objectifs, thèmes…
Essayez de ne noter que des substantifs ou qualificatifs isolés. Cela vous aidera à avoir les idées claires et vous pourrez plus facilement les intégrer par la suite.

Deuxième étape : faire une phrase avec tout ça

Votre accroche doit être percutante, cohérente et intrigante, et plus elle sera courte, mieux c'est ! Vous risquez de vous éloigner de votre liste de départ au profit de mots plus efficaces et n'hésitez pas à recourir aux synonymes.
À ce stade, gardez bien en tête que vous n'utiliserez jamais TOUS les mots que vous avez notés précédemment. Eh oui, il faudra faire des sacrifices ! Ainsi, votre meilleure idée ne contiendra peut-être pas le(s) mot(s) le(s) plus important(s) mais, rassurez-vous, le sous-titre est généralement suivi d'un « chapeau » d'une ou deux phrases qui vous permettra de développer un peu.

Il existe tout un panel de styles d'accroche :

  • le descriptif classique : « le truc où il se passe ça ». C'est souvent l'accroche du désespoir, je vous avoue, celle qui dit « franchement, j'ai pas trop eu d'idée ^^' », à moins qu'elle ne vende du rêve à elle seule, comme : « Arrêté pour conduite en état d'ivresse… à cheval » (véridique XD). Si vous tenez à cette formule, veillez à ce que votre phrase soit très courte, pour garder un maximum d'efficacité : « le livre dont vous êtes le héros », « Pokemon, attrapez-les tous ! » ;
  • la figure de style : comme celles qu'on apprend à l'école : oxymore, antiphrase, caricature, rimes, anaphore, allitération… Exemple : l'antithèse avec « Le cauchemar commence au réveil. » (Dreamfield, jeu de rôle d'horreur par Axel Vetillard) ;
  • le jeu de mot, la figure de style favorite : souvent basé sur des expressions ou des dictons et maximes, que l'on torpille allègrement pour faire coller au contexte. Ici, deux options s'offrent à vous. Soit vous parvenez à trouver quelque chose de très subtil, soit (ce qui est plus courant) vous obtenez un « jeu de mot pourri » (ou JdMP pour les intimes) et dans ce cas, n'hésitez pas à y aller franchement ! Exemples : un poussin égal deux ; dépit de boisson ; une situation tirée par les chevaux ; ou le nom à double sens de la catégorie : La règle sur le bout des doigts…
  • la référence et la parodie : souvent associées au jeu de mot, mais faisant appel à un élément culturel, une citation populaire, une chanson, une pub… plutôt qu'à une tournure de la langue française. Exemples : La Roue de l'infortune, Le Saigneur des agneaux…

Remarque : attention dans les deux derniers cas, la phrase d'origine ou la référence doit rester reconnaissable pour que votre résultat soit efficace !

N.B. : lors de la rédaction d'un article, on aura recours à la même méthode pour l'écriture des intertitres, en ciblant, lors de l'étape de brainstorming, le vocabulaire sur la thématique abordée dans la partie associée.

Remarque² : Essayez d'éviter les tournures de phrase négatives et/ou excluantes, en particulier si votre accroche doit servir de slogan.
 Préférez : Si vous êtes comme ça, ceci est pour vous !
 à : Si vous n'êtes pas comme ça, passez votre chemin !
Le rejet d'une catégorie de lecteurs donnera une mauvaise image, pourra être vexant et sonne un peu prétentieux 😉