Vainqueresse

Voilà des siècles que ces « chers » messieurs de l'Académie française ont évincé les féminins de nombreux termes de « puissance », en particulier dans les noms de carrières politiques, intellectuelles, physiques, et autres postes d'influence, ce qui pose régulièrement problème dans le travail d'écriture, et plus spécifiquement celui de traduction (et on ne parlera même pas de l'aspect social).
Les cas ne manquent pas, mais en voici un croisé tout récemment.

Des phrases du genre « Qui sera la vainqueur ? » me brûlant les yeux comme les oreilles, je suis donc partie à la recherche de la victoire au féminin.

Comme c'est souvent le cas, deux possibilités s'offrent à nous :

  • l'option québecoise-suisse, qui consiste généralement à placer un « e » en fin de mot : auteure, vainqueure… (plus plaisante aux oreilles masculines car elle ne fait aucune différence à l'oral) ; ou parfois remplacer le « r » final par « se » : vainqueuse ;
    des résultats souvent inesthétiques mais qui démontrent un effort de ces deux régions francophones pour réhabiliter pleinement la femme dans les rôles importants de la société ;
  • chercher les anciennes formes au féminin, puisque, très souvent, elles existaient au Moyen-Âge et jusqu'à la Renaissance, comme pour autrice. En principe, je favorise cette solution historique car elle apporte une légitimité à mon choix.
    C'est donc par ce biais que j'ai trouvé le féminin : vainqueresse, formé sur la même base que vengeur / vengeresse (car, bizarrement, la vengeance a eu le droit de garder son féminin…).

Comme toujours, le mot est un peu dérangeant au premier abord, puisque nous avons été déshabitués à l'entendre (la faute à qui ? >.<), mais il suffit de se le répéter plusieurs fois pour qu'il reprenne naturellement sa place.

Source : Wiktionnaire